absolution

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Plus on est de fous

C'est un article que je veux écrire avant de quitter cet espace.

Car il représente une étape importante dans cette démarche que j'ai menée cette année, dans ma quête d'absolution, dans ma quête d'acceptation de moi-même et de mes limites.

 

Après la naissance de l'Héritier, alors que nous préparions notre mariage, j'ai appris que les grands-parents de Johm étaient consanguins.

Ca m'a glacée.

Je sais en avoir parlé dans mon espace de l'époque.

Dans mes gènes, il y a déjà double consanguinité.

Ca a donné pas mal de descendants au psychisme plus ou moins fragile. Donc deux handicapés reconnus.

Et puis des gens comme moi. Avec des petites "tendance à".

 

Il m'était absolument indispensable, quand je m'imaginais dire oui à un homme, qu'il n'ait pas la même "tare" que moi. De m'être assurée qu'il n'y avait aucune trace de consanguinité chez lui.

Je me rappelle d'une conversation avec une de mes copines de prépa quand je lui ai annoncé mes fiançailles.

"Mais t'as vérifié son pedigree ? C'est bon, l'ADN est sain ? - Oh tu sais, le mien est tout pourri, donc ça ne peut pas être pire".

 

Et puis donc deux ans après la naissance de l'Héritier, j'apprends que non le pedigree de Johm n'est pas plus sain que le mien.

Je surveille mon fils comme le lait sur le feu.

Quand l'année dernière la maîtresse nous a annoncé en bilan de l'année que ses capacités intellectuelles étaient très bonnes mais qu'il y avait un décalage avec ses capacités physiques et psychiques, j'ai su que l'épée de Damoclès était là.

 

Depuis, quand mes ovaires pestaient car nous n'avions pas les moyens d'accueillir un deuxième enfant, je me rassurais en me disant "peut-être que ça vaut mieux qu'il n'y ait pas de deuxième enfant".

 

Je me suis rendue compte que j'avais très très très peur d'avoir un enfant handicapé.

Que je me connais assez pour savoir que si ça arrivait, je l'aimerais tout autant que s'il ne l'était pas.

Que je me battrais pour lui.

Mais quand même, je me sentirai coupable d'avoir engendré un être "inutile et qui allait souffrir".

 

Et puis.

Et puis mon grand-oncle est devenu "dément".

C'est la tragédie que ma famille vit actuellement. Les connards de frères de mon père ont refusé l'hospitalisation. Ma grand-mère atteint des sommets d'abjectitude (elle a demandé à mon oncle si elle pouvait aller en prison "s'il arrivait quelque chose à mon grand oncle"). C'est horrible, horrible, horrible.

Parce que donc des connards ont décidé pour lui qu'il crèverait comme un animal (tout ça pour éviter qu'il soit mis sous tutelle et donc qu'ils n'aient plus accès à son fric), mon grand-oncle vit dans une maison qu'il ne reconnaît plus, se lève la nuit, est retrouvé par la police dehors à 3h du matin en slip, fait pipi dans le placard et reste souillé toute la nuit, bref l'horreur.

Pour la nouvelle année, on est allés mangé une galette chez ma grand-mère.

Mon grand-oncle était complètement ailleurs. Ma grand-mère se lamentait en disant "ohlala il ne peut plus se lever" (écoute connasse, t'avais qu'à accepter de l'hospitaliser, ta gueule maintenant)(pardon, parfois il faut que ça sorte).

Mon cousin, celui qui est schizophrène-autiste-asperger-on-sait-pas-trop, s'est calmement assis à côté de lui. Il lui a fait boire du chocolat à la tasse, lentement, patiemment.

J'étais assise en face.

J'étais émue.

 

En partant, j'ai posé ma main sur celle de mon grand-oncle. Je l'ai regardé en lui disant au revoir. Evidemment il ne savait plus du tout qui j'étais. Il m'a demandé si j'allais bien.

Je n'étais pas mal à l'aise avec lui, c'était plutôt naturel de lui sourire.

Et là j'ai réalisé.

Que mes cousines bien portantes sont en panique auprès de lui.

Que nous les "mal-portants" on a pas peur.

 

J'ai repensé à mon cousin.

Qui donnait du chocolat patiemment.

Et j'ai réalisé que ce que m'avait dit Pamela sur son frère à la suite de mon article sur ma peur de la consanguinité était sacrément vrai.

"Ou tu pourrais avoir la chance d'avoir un enfant aussi cool que mon frère".

 

On a pris rendez-vous pour l'Héritier avec une psy.

Je sais bien que mon fils marche dans mes pas, qu'il a des petites difficultés. Que ses réactions ne sont pas toujours dans la norme. Qu'il en souffre un peu.

Mais c'est aussi un super être humain. Qui nous fait rire et nous rend heureux. Qui a le coeur sur la main. 

 

Alors que je méditais en conduisant fin décembre, je me suis dit "est-ce que pour l'humanité il aurait mieux fallu que je ne vive pas ?". 

Et j'ai ricané.

Car je crois être une personne intéressante. Je crois être utile à la société. Je crois que j'arrive un peu à changer le monde. Avec mes limites.

A cause de mes limites.

 

C'est donc l'esprit très serein que j'ai accueilli la nouvelle de cette Petite Hypothèse.

Je sais qu'on a fabriqué encore un super être humain qui rendra les gens heureux.

La peur m'a quittée.

Vive la vie. Plus on est de fous, plus on rit.



04/02/2015
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